New Office, Reflecting Accessibility, Sustainability, and Thoughtful Practice

  • Home
  • NL
  • FR
  • DEU
  • ENG
  • ES
  • Contact
  • PENTERACT-DENKMODEL
  • PENTERACT THINKING MODEL
  • More
    • Home
    • NL
    • FR
    • DEU
    • ENG
    • ES
    • Contact
    • PENTERACT-DENKMODEL
    • PENTERACT THINKING MODEL
  • Home
  • NL
  • FR
  • DEU
  • ENG
  • ES
  • Contact
  • PENTERACT-DENKMODEL
  • PENTERACT THINKING MODEL

DOMAINES D’EXPERTISE

DOMAINES D'EXPERTISE

Notre méthode est la méthode Penteract de Peeters Law, expliquée plus en détail sous Méthodologie.


APERÇU COMPACT DE L’EXPERTISE


Notre expertise couvre 13 domaines, chacun abordé dans un contexte international. Certains sont traités séparément, d’autres dans le cadre de catégories plus larges (par exemple, l’aménagement du territoire dans l’immobilier).


Domaines d’expertise de Peeters Law

1. Droit international privé (DIP) et coordination des dossiers transfrontaliers
2. Droit des successions et planification patrimoniale en contexte belge et international
3. Droit immobilier et de la construction, incluant les dimensions espagnole et belge
4. Droit des contrats (B2B, international, civil et commercial)
5. Droit des sociétés et de l’entreprise (belge et transfrontalier)
6. Droit de la responsabilité (contractuelle et extracontractuelle, nationale et internationale)
7. Propriété intellectuelle (PI) et économie numérique
8. Droit du travail et de la sécurité sociale, avec un accent sur la mobilité internationale
9. Droit de la famille à composantes internationales (mariage, autorité parentale, adoption, …)
10. Droit commercial et économique, y compris le droit de la concurrence et de la consommation
11. Aménagement du territoire et droit de l’environnement (belge et espagnol)
12. Procédure et modes de règlement des litiges, y compris arbitrage et médiation
13. Droit européen et droits de l’homme, avec un accent sur l’interaction multiniveaux entre l’UE, la CEDH et le droit national

Ces treize domaines ne constituent nullement des compartiments étanches : chacun est traversé par les dimensions du penteracte, telles qu’exposées plus en détail dans la section « Méthodologie ».
Sur la page d’accueil, vous trouverez pour chaque domaine un article en anglais rédigé par Peeters Law.
Ci-dessous, ces domaines sont d’abord présentés de manière concise, puis examinés plus en profondeur.


  • Droit international privé (DIP)
    Le cadre de coordination qui détermine quel juge est compétent, quel droit est applicable, et comment les décisions étrangères sont reconnues et exécutées. Cela concerne notamment les contrats, successions et litiges familiaux à dimension transfrontalière.
     
  • Successions & planification patrimoniale – transfrontalières
    Les successions internationales exigent une coordination entre testaments, régimes matrimoniaux et cadres fiscaux. Les successions numériques et écologiques en font également partie.
     
  • Contrats – transfrontaliers
    Accords contractuels en contexte B2B, B2C et en ligne. Les points essentiels sont le droit applicable, la clause de juridiction, l’équilibre des conditions et la transparence.
     
  • Responsabilité – transfrontalière
    Diverses formes de responsabilité : contractuelle, extracontractuelle et transfrontalière. Les questions de faute, de dommage et de causalité sont analysées dans un ordre juridique à plusieurs niveaux.
     
  • Travail & sécurité sociale au-delà des frontières
    Situations où des personnes ou entreprises sont actives dans plusieurs pays. Questions clés : régime applicable (règlements de l’UE, conventions bilatérales), qualification salarié/indépendant et pratiques d’inspection.
     
  • Familles internationales
    Divorce, autorité parentale, entretien et filiation avec une dimension internationale. L’intérêt supérieur de l’enfant ainsi que la reconnaissance et l’exécution des décisions sont centraux.
     
  • Immobilier transfrontalier
    Achat, vente, location et succession de biens immobiliers avec des aspects transfrontaliers. Les permis, la copropriété et l’aménagement du territoire y jouent également un rôle.
     
  • Sociétés au-delà des frontières
    Constitution, gestion, fusions, scissions et transfert de siège de sociétés dans un contexte international. Différentes règles nationales et européennes fixent les options et limites.
     
  • Consommateurs, marché & services financiers – transfrontaliers
    Contrats relatifs aux prêts, hypothèques, investissements et services en ligne. La transparence et la protection contre les clauses abusives en constituent le cœur.
     
  • Propriété intellectuelle dans les contextes Benelux, européen et international
    Protection des marques, modèles et œuvres créatives. Cela inclut l’enregistrement, la mise en œuvre et l’équilibre entre droits exclusifs et fonctionnement du marché, également dans les contextes numériques.
     
  • Flamands dans le Monde – Tenerife
    Une fonction bénévole en tant que représentante VIW, visant à soutenir les Flamands résidant temporairement ou définitivement à Tenerife. Le rôle inclut l’orientation et le renvoi pour des questions pratiques et juridiques.
     

Méthode de travail

  1. Entretien initial – recueil des questions et objectifs.
  2. Analyse – organisation des options et risques pertinents.
  3. Plan – élaboration de trajectoires possibles avec estimation des délais et coûts.
  4. Exécution – suivi de la trajectoire choisie dans les cadres juridiques applicables.

APERÇU APPROFONDI DE L’EXPERTISE


Le modèle Penteract et la stratification du droit


Le droit matériel (3D) constitue la dimension substantielle, structurant des domaines familiers tels que le droit de la famille, le droit des successions, la responsabilité et le droit des sociétés. Cette liste de domaines n’est toutefois qu’une couche dans un cadre méthodologique plus large. Chaque dossier dépasse une approche purement sectorielle et exige une analyse multidimensionnelle.

Le modèle Penteract distingue cinq – et dans certains cas six – dimensions :


  • 2D – Dimension territoriale
    Questions de compétence internationale et interne, ainsi que de droit applicable. Dans un ordre juridique à plusieurs niveaux (belge, espagnol, européen ou international), c’est la première clé de clarté.
     
  • 3D – Dimension matérielle
    Les domaines de droit substantiel eux-mêmes, toujours envisagés dans leur interdépendance.
     
  • 4D – Langue et culture juridique
    Le droit vit dans la langue. Les mots, les règles d’interprétation et le contexte culturel influencent le sens et la portée de chaque norme.
     
  • 5D – Fondement doctrinal
    La systématique académique et la doctrine qui orientent l’interprétation et l’application.
     
  • 6D – Singularité heyvaertiaine
    Les lignes de fracture où le droit échoue et où une correction devient nécessaire, par exemple par le recours constitutionnel, le contrôle au regard de la CEDH ou les questions préjudicielles.
     

Un aperçu complet de l’approche méthodologique figure sous Méthodologie.

PLUS D’INFORMATIONS

DROIT INTERNATIONAL PRIVÉ

Droit international privé comme infrastructure conflictuelle


Le droit international privé (DIP) n’est pas un domaine matériel autonome, mais une infrastructure de coordination. Il ne fonctionne pas seulement comme un cadre de coordination : de nombreuses règles s’appliquent de manière impérative, laissant peu de place à l’autonomie des parties. Il apporte de l’ordre dans les situations où plusieurs systèmes juridiques se croisent et où différentes couches normatives opèrent simultanément. Là où des juridictions et règles divergentes se rencontrent, le DIP instaure une structure qui fournit des repères tout en laissant un espace à la stratégie et à l’appréciation.


1. Questions fondamentales


Quatre questions essentielles structurent le système :

  • Compétence juridictionnelle – quelle instance tranche, et avec quelle autorité ?
  • Droit applicable – quel cadre normatif prévaut dans l’appréciation des faits ?
  • Reconnaissance et exécution – comment une décision dépasse-t-elle sa frontière territoriale d’origine ?
  • Interprétation du droit étranger – comment des normes externes sont-elles traduites et intégrées dans un autre système ?

Ces questions ouvrent chaque fois un champ de tensions où les acteurs se positionnent, font des choix et anticipent des issues possibles.


2. Domaines d’application


La portée du DIP couvre des domaines variés, tels que :

  • contrats transfrontaliers et clauses de juridiction,
  • relations familiales à composante internationale,
  • successions impliquant plusieurs États,
  • responsabilités à effets transfrontaliers,
  • sociétés et structures immobilières comportant des rattachements multiples.


3. Sources multiniveaux


La régulation du DIP reflète la stratification de l’ordre juridique international :

  • cadres supranationaux visant l’uniformité,
  • conventions internationales qui construisent des passerelles entre systèmes,
  • législations nationales assurant la mise en cohérence avec les normes internationales,
  • règles-modèles et principes qui orientent une convergence future.

En interaction, ces couches ne forment pas une hiérarchie, mais un réseau de nœuds où des choix et équilibres doivent sans cesse être trouvés.


4. Ancrage méthodologique


Le DIP est plus qu’un ensemble de règles de conflit : il constitue un mécanisme structurant qui empêche les litiges de se perdre dans la fragmentation. En ordonnant systématiquement compétence, droit applicable et reconnaissance, il offre un point d’appui à la fois analytique et pratique. Il agit aussi comme facteur correctif, en tenant compte de valeurs telles que la sécurité juridique, la prévisibilité et l’équité procédurale.

Ainsi, le droit international privé fonctionne comme l’architecture invisible de l’interlégalité : une structure discrète qui canalise les tensions, ordonne les perspectives et rend possible la coopération au sein de la pluralité des systèmes juridiques.

Un aperçu en anglais de cette matière est disponible : Private International Law.

PLUS D’INFORMATIONS

SUCCESSION ET PLANIFICATION PATRIMONIALE

Droit international des successions comme pratique multidimensionnelle


Le droit international des successions se situe au carrefour du patrimoine, de la culture et du droit. Lorsque plusieurs systèmes juridiques se croisent, le règlement d’une succession exige non seulement la maîtrise des règles formelles, mais aussi une compréhension fine de la coordination, de l’optimisation fiscale et des sensibilités culturelles.


1. Points clés d’analyse


Quatre dimensions structurent le traitement des successions internationales :

  • Testaments avec choix de loi – rédaction et interprétation selon les règles relatives au droit applicable.
  • Coordination droit des successions ↔ régimes matrimoniaux – articulation entre la succession et le régime patrimonial des époux.
  • Stratégies contre la double imposition – application des conventions internationales et des mécanismes de coordination fiscale.
  • Harmonisation des cadres fiscaux et juridiques – en tenant compte des particularités nationales et régionales.

2. Domaines d’application


Le droit international des successions intervient dans diverses situations :

  • testaments et pactes successoraux à portée transfrontalière,
  • structures patrimoniales complexes (entreprises, holdings, trusts, fondations),
  • successions d’expatriés ou de personnes ayant plusieurs résidences ou nationalités,
  • déclarations et partages successoraux internationaux avec obligations fiscales dans plusieurs juridictions,
  • différences culturelles dans les structures successorales (usufruit vs pleine propriété, systèmes communautaires vs individualistes),
  • phénomènes émergents tels que les héritages numériques (crypto-actifs, comptes en ligne) et les successions écologiques (forêts, crédits carbone).

3. Instruments juridiques


Le cadre normatif est stratifié et comprend :

  • Union européenne : règlements relatifs aux successions et aux régimes matrimoniaux ou partenariaux.
  • Systèmes nationaux : codes civils nationaux et règles de conflit autonomes.
  • Cadres fiscaux : conventions internationales visant à éviter la double imposition et conventions-modèles.
  • Compétences régionales : régimes variés en matière de droits de succession au niveau des États fédérés ou communautés.


4. L’Europe hors UE et la perspective internationale


Le droit international des successions va au-delà du seul cadre de l’Union :

  • Europe hors UE : la Suisse avec un DIP autonome, le Royaume-Uni avec des rattachements classiques tels que le domicile et la lex situs, la Norvège et l’Islande partiellement intégrées via l’EEE.
  • International : les États-Unis avec des règles fédérales et étatiques, les codifications latino-américaines marquées par une forte legítima, et les systèmes islamiques où prescriptions religieuses et législation nationale se combinent.


Les successions internationales ne sont jamais de simples affaires juridiques. Elles exigent un équilibre entre patrimoine, intérêts familiaux et sécurité juridique, inscrit dans une matrice complexe de règles nationales, européennes et internationales. Le droit international des successions se manifeste ainsi comme une pratique multidimensionnelle, où coordination juridique, optimisation fiscale et sensibilité culturelle sont indissociablement liées.


Un aperçu en anglais de cette matière est disponible : Succession Law & Estate Planning.

PLUS D’INFORMATIONS

CONTRACTS TRANSFRONTALIERS

Droit des contrats dans une perspective multidimensionnelle


Le droit des contrats ne se laisse pas réduire à une seule couche normative. Les relations contractuelles se déploient dans un cadre stratifié où plusieurs dimensions se croisent :

  • territoriale : règles de conflit relatives au droit applicable et au choix de for,
  • doctrinale : principes tels que l’autonomie, la bonne foi, la proportionnalité et l’abus de droit,
  • culturelle et linguistique : différences de sens dans les contextes multilingues et diversité des cultures juridiques,
  • corrective : contrôles de transparence et de proportionnalité, protection des consommateurs et équilibre des pouvoirs,
  • européenne et internationale : conventions, soft law et jurisprudence multiniveaux.


1. Conditions générales – Structure et stratégie


Les conditions générales incarnent la structuration précontractuelle des obligations : elles définissent la responsabilité, les recours et le choix de for. Leur validité et opposabilité varient selon le contexte :

  • B2B : prévisibilité et efficacité, corrigées par des règles relatives à la dépendance économique et aux directives de paiement.
  • B2C : contrôle rigoureux au regard de la transparence et de la proportionnalité, expression d’une protection impérative du consommateur.
  • Numérique : rôle central en tant qu’unique instrument contraignant entre l’utilisateur et la plateforme, soumis à de nouvelles régulations digitales.


2. Contrats B2B – Autonomie sous conditions


La liberté contractuelle en matière commerciale fonctionne toujours dans un cadre de limites juridiques et économiques. Les asymétries de pouvoir et les règles impératives conditionnent l’espace de négociation et influencent les clauses relatives à la responsabilité, à la force majeure et au règlement des litiges.


3. Contrats B2C – Protection corrective


Dans les relations de consommation, l’autonomie contractuelle est systématiquement encadrée par un régime protecteur impératif. La transparence, la proportionnalité et l’accès au juge constituent le noyau de cette dimension corrective.


4. Contrats en ligne – Complexité numérique


La digitalisation a transformé le mode de formation des obligations contractuelles. Les conditions en ligne sont à la fois indispensables et fragiles. Elles soulèvent de nouvelles questions sur le contrat algorithmique, l’exécution internationale et l’équilibre entre innovation technologique et garanties juridiques.


5. Ancrage doctrinal et culturel


La systématique du droit des contrats est nuancée par la doctrine, le droit comparé et le soft law. Des notions clés telles que bonne foi, raisonnabilité, garantie et warranty nécessitent une adaptation interprétative aux diverses cultures juridiques et cadres linguistiques.

Le droit des contrats se manifeste ainsi comme une pratique multidimensionnelle, où codifications nationales, instruments européens et internationaux, contextes culturels et correctifs normatifs se rencontrent. Le contrat devient dès lors non seulement un instrument d’autonomie privée, mais aussi un lieu de protection, de coordination et de traduction culturelle.

Un aperçu en anglais de cette matière est disponible : Contract Law.

PLUS D’INFORMATIONS

DROIT DE LA RESPONSABILITÉ DANS UNE PERSPECTIVE TRANSFRONTALIÈRE ET STRATIFIÉE

Le droit de la responsabilité se situe au croisement de plusieurs couches normatives. Il englobe à la fois la responsabilité contractuelle et extracontractuelle, mais il est de plus en plus marqué par les dimensions transfrontalières. Les questions classiques de faute, de dommage et de causalité s’inscrivent désormais dans un contexte élargi où se rencontrent législations nationales, instruments européens, conventions internationales et soft law.


Structure de base


Trois grandes catégories forment l’ossature :

  • Responsabilité contractuelle – inexécution d’obligations issues d’un contrat, comme la non-exécution ou la livraison défectueuse.
     
  • Responsabilité extracontractuelle – faute, dommage et lien causal en dehors d’un contrat, par exemple un délit ou une négligence.
     
  • Responsabilité transfrontalière – application des règles de conflit, détermination du droit applicable et reconnaissance des décisions étrangères.
     

Ces catégories ne fonctionnent pas isolément mais en interaction : une transaction internationale peut commencer par un contrat, se terminer en responsabilité délictuelle, et soulever en parallèle des questions de droit applicable et d’exécution internationale.


Domaines d’application


Le droit de la responsabilité se manifeste dans divers contextes :

  • exécution défectueuse d’un contrat,
     
  • dommages causés par une faute ou une négligence,
     
  • responsabilité précontractuelle et devoirs de conseil,
     
  • évaluation des dommages et modalités de réparation,
     
  • réclamations internationales en matière de circulation, de services ou d’environnement numérique.
     

Des cas concrets illustrent cette stratification : un accident de la route impliquant plusieurs ressortissants européens, une livraison défectueuse dans une chaîne d’approvisionnement transfrontalière, une fuite de données chez un fournisseur cloud avec serveurs dans plusieurs pays, ou encore des dommages environnementaux qui dépassent les frontières nationales.


Instruments juridiques et stratification


La régulation est multiforme et combine :

  • codifications nationales, comme le Code civil belge et français ou le BGB allemand,
     
  • instruments européens, tels que Rome I, Rome II et la directive sur la responsabilité du fait des produits,
     
  • cadres extra-UE, notamment en Suisse et au Royaume-Uni,
     
  • instruments internationaux et soft law, comme les principes d’UNIDROIT ou le DCFR, qui exercent une influence normative.
     

Ces instruments ne s’ordonnent pas en hiérarchie stricte, mais constituent un réseau dynamique dans lequel interprétation et application sont constamment renégociées.


Dimension économique et stratégique


La responsabilité est à la fois juridique et économique. Les méthodes de calcul des dommages, les coûts de procédure et les couvertures d’assurance – souvent limitées territorialement – influencent la position des parties. Choix du for, forum shopping et stratégies de règlement illustrent comment les acteurs anticipent les démarches adverses dans un jeu qui dépasse une seule juridiction.


Défis technologiques et culturels


La transformation numérique pose de nouvelles questions : responsabilité des plateformes, violations de données, intelligence artificielle et contrats intelligents. Ces phénomènes franchissent d’emblée les frontières et confrontent différents systèmes juridiques. Les cultures juridiques colorent aussi les attentes : la civil law et la common law envisagent le dommage et la réparation différemment, tandis que la médiation et l’arbitrage occupent dans certains contextes une place plus importante que la procédure judiciaire.


Application et prévention


Les règles trouvent leur sens dans leur mise en œuvre. Autorités de contrôle, services d’inspection et juridictions corrigent les constructions conçues pour échapper à la responsabilité. La coopération internationale en matière de preuve, d’exécution et de recherche d’actifs conditionne l’efficacité des régimes de responsabilité. Il ne s’agit pas seulement de compensation après coup, mais aussi de prévention et de régulation des comportements : responsabilité environnementale, protection des consommateurs et obligations de diligence dans les services numériques incitent les acteurs à agir avec prudence avant même qu’un dommage ne survienne.


Correction normative


En arrière-plan, des valeurs comme la proportionnalité, l’accès à la justice, la protection des plus vulnérables et la durabilité jouent un rôle correctif. Cette dimension normative montre que le droit de la responsabilité n’est pas seulement un outil économique, mais aussi un mécanisme social et éthique.

Le droit de la responsabilité n’est pas un système clos, mais une structure stratifiée où traditions nationales, harmonisation européenne et coordination internationale s’entrecroisent. La distinction classique entre responsabilité contractuelle et extracontractuelle est complétée par des mécanismes transfrontaliers et des corrections normatives. La responsabilité apparaît ainsi comme un champ dynamique de forces : ancré territorialement, différencié matériellement, coloré culturellement et corrigé normativement. Les acteurs y évoluent comme des joueurs qui anticipent les stratégies adverses, tandis que les règles instaurent de l’ordre et fixent des équilibres toujours provisoires.

Un aperçu en anglais de cette matière est disponible : Liability / Contract Law

PLUS D’INFORMATIONS

TRAVAIL ET SÉCURITÉ SOCIALE TRANSFRONTALIERS

La sécurité sociale en perspective transfrontalière est un domaine où le droit est en mouvement constant. C’est là que mobilité et solidarité se rencontrent, souvent dans une tension inconfortable. Les systèmes nationaux sont appelés à se situer par rapport à la coordination européenne et internationale, mais aussi par rapport aux accords bilatéraux et aux principes transnationaux. La question centrale reste la même : comment garantir une protection sociale lorsque les personnes, les entreprises et les activités franchissent les frontières ?


Dimension 1 : délimitation territoriale


La première couche concerne la détermination de la compétence et du régime applicable. Au sein de l’UE, les règlements de coordination fixent les lignes directrices, tandis qu’en dehors, ce sont les conventions bilatérales ou les totalization agreements qui structurent le cadre. Le Brexit a montré la fragilité de cet équilibre : ce qui relevait autrefois d’une régulation uniforme a dû être renégocié au cas par cas. Chaque délimitation territoriale reste ainsi une organisation provisoire, toujours exposée à la renégociation.


Dimension 2 : qualification des relations de travail


La deuxième couche touche à la question de savoir qui est travailleur salarié et qui est indépendant. Chaque système utilise ses propres critères : le critère de subordination en Belgique, la distinction trabajador autónomo / asalariado en Espagne, la tripartition au Royaume-Uni, les multiples tests aux États-Unis. Ces différences ne sont pas purement techniques : elles conditionnent l’accès à la protection sociale et révèlent des concepts juridiques culturellement et historiquement ancrés.


Dimension 3 : structuration des activités


La troisième couche concerne la mise en forme juridique des activités économiques. Contrats, formes sociétaires et choix fiscaux ne sont jamais neutres : ils orientent l’affiliation à tel ou tel régime. Une SRL en Belgique, une Sociedad Laboral en Espagne ou une LLC aux États-Unis ne sont pas de simples étiquettes : ce sont des points d’accès à des régimes de cotisations et de droits distincts.


Dimension 4 : contrôle et analyse des risques


La quatrième couche touche aux mécanismes visant à prévenir les abus et le faux statut d’indépendant. Les inspections sociales, caisses d’assurance et administrations fiscales constituent des contrepoids qui corrigent ou sanctionnent les choix stratégiques. L’intensité varie : de l’inspection sociale belge aux audits de l’IRS américain. Le contrôle devient ainsi la contre-mesure dans une interaction permanente entre acteurs exploitant les règles et institutions en fixant les limites.


Dimension 5 : correction normative


La cinquième couche est normative. Ici, les libertés économiques se confrontent aux droits sociaux fondamentaux. Dans l’UE, la libre circulation et la liberté d’établissement sont constamment mises en balance avec la protection des travailleurs et indépendants. Hors Europe, d’autres référentiels prévalent : le principe suisse de Sozialstaatlichkeit, la Social Security Act américaine et ses garanties constitutionnelles, ou encore les constitutions latino-américaines inspirées des normes de l’OIT. Ces correctifs montrent que la sécurité sociale est porteuse de valeurs profondes et pas seulement un système technique.


Applications pratiques


La stratification apparaît dans des scénarios concrets :

  • consultants travaillant temporairement dans un autre État membre et classés différemment,
     
  • procédures A1 où les administrations se contredisent,
     
  • reconnaissance des qualifications professionnelles harmonisée dans l’UE mais autonome en Suisse ou au Royaume-Uni,
     
  • structures sociétaires choisies stratégiquement pour s’affilier à un régime donné,
     
  • inspections confrontant la forme juridique à la réalité des faits,
     
  • questions de pension (cf. aussi Familles internationales).
     

Dans chacun de ces cas, positions, stratégies et contre-stratégies s’élaborent dans le jeu entre les différentes dimensions.


Instrumentarium normatif


L’arsenal normatif est multicouche : règlements et directives européens, législations nationales, conventions bilatérales, normes internationales et soft law. Ces sources ne forment pas une hiérarchie, mais un réseau interactif où les systèmes juridiques réagissent et s’ajustent en permanence.

La sécurité sociale transfrontalière se révèle comme une matrice de tensions et de convergences. Il n’existe pas de modèle unique, mais des points de rencontre récurrents : protection contre les abus, besoin de cohérence, tension constante entre mobilité et solidarité. L’analyse juridique dans ce domaine ne peut être qu’multidimensionnelle : elle doit ancrer territorialement, distinguer matériellement, penser structurellement, contrôler procéduralement et corriger normativement. C’est seulement ainsi qu’apparaît la sécurité sociale non comme un système national figé, mais comme un champ dynamique où droit, économie et solidarité sont sans cesse renégociés.

PLUS D’INFORMATIONS

FAMILLES INTERNATIONALES

Le droit international de la famille constitue l’un des carrefours les plus sensibles de l’ordre juridique. Il touche les familles dans leurs moments de plus grande vulnérabilité : divorce, partage de patrimoine, conflits d’autorité parentale ou reconnaissance de la filiation. Dès que ces situations franchissent les frontières, l’évidence du droit national se fragilise. Les questions classiques – qui est compétent, quel droit s’applique, comment une décision est-elle exécutée, comment l’intérêt supérieur de l’enfant est-il protégé – deviennent autant de fenêtres ouvertes sur les tensions profondes de la structure juridique.


Architecture des couches


À la base se trouvent les codifications nationales : le Code civil belge (Livre 1), le Código Civil espagnol et leurs équivalents. Chacun exprime une structure normative propre, forgée par la tradition, la langue et la culture.
Au-dessus, les piliers européens : Bruxelles II ter (2019/1111), au cœur depuis le 1er août 2022 des règles de compétence et de reconnaissance en matière de divorce et d’autorité parentale ; les règlements 2016/1103 et 1104 relatifs aux régimes matrimoniaux et aux partenariats enregistrés ; et le Règlement Aliments (4/2009) sur les obligations alimentaires.
Les piliers multilatéraux de la Conférence de La Haye complètent l’édifice : Convention sur l’enlèvement international d’enfants (1980), Convention sur la protection des enfants (1996), Convention sur les obligations alimentaires (2007) et Convention sur l’adoption (1993).
Les instruments des droits de l’homme en forment la clef de voûte : l’article 8 CEDH (droit au respect de la vie familiale) et la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant, qui érige l’intérêt supérieur de l’enfant en principe universel.
Pris ensemble, ces niveaux ne composent pas une cathédrale harmonieuse mais une mosaïque : solide là où les règles coïncident, fragile là où subsistent des lacunes.


Lignes de fracture et dissection


Comme Alfons Heyvaert le soulignait, l’ordre juridique se révèle surtout dans ses lignes de fracture. Le droit international de la famille en offre une illustration exemplaire : États non parties à certains traités, procédures parallèles produisant des décisions contradictoires, phénomènes sociaux nouveaux échappant aux cadres existants. La dissection de ces couches – mise à nu et analyse de leurs tensions – révèle comment le système fonctionne et où il échoue. Ce n’est pas un simple exercice technique, mais une manière de mettre au jour les fragilités cachées du droit et les corrections nécessaires.


Jeu et stratégie


Dans ce contexte, la procédure dépasse la technique. Le choix du for et du droit applicable devient un coup stratégique : un parent qui engage une action en Belgique cherche une position favorable ; un partenaire qui ouvre une procédure en Espagne ou en France opte délibérément pour un autre cadre. Cela mène parfois au forum shopping et à des procédures parallèles. Le droit tente d’ordonner ce jeu par des règles de compétence, mais ne supprime pas la dynamique d’anticipation et de riposte. Le droit international de la famille est ainsi à la fois architecture et échiquier : ordre et mouvement en un seul.


Couches correctives


Là où les fractures sont les plus vives, les droits fondamentaux interviennent. L’article 8 CEDH garantit le droit à la vie familiale ; la Convention relative aux droits de l’enfant place l’intérêt de l’enfant au premier plan. Cette couche corrective empêche que familles et enfants se perdent dans le vide entre systèmes. Elle assure que la dignité humaine – et la protection de la partie la plus vulnérable – demeure la référence ultime.


Diversité et actualité


Le domaine est sans cesse interpellé par les évolutions sociales : familles monoparentales dépendant de pensions alimentaires internationales, exposées aux taux de change et à des méthodes de calcul divergentes ; dons de gamètes et gestation pour autrui posant des questions de filiation et de reconnaissance ; familles LGBTI+ naviguant entre États qui reconnaissent ou refusent leurs liens ; migrations climatiques mettant les familles en mouvement sans cadre juridique adapté. Ces phénomènes montrent que le droit international de la famille est un tissu vivant, toujours en renégociation avec la réalité.


Contexte procédural et mondial


Au-delà de la compétence et du droit applicable, l’exécution et l’administration de la preuve jouent un rôle central. Une décision étrangère non reconnue reste une coquille vide. Bruxelles II ter et le Règlement Aliments offrent des mécanismes, mais la coopération internationale demeure lente et inégale. La preuve transfrontalière – témoignages, communications numériques – exige également coordination.
Hors UE, d’autres cadres prévalent : la Suisse avec sa propre LDIP, le Royaume-Uni depuis le Brexit par accords bilatéraux, les États-Unis avec des variantes fédérales et étatiques qui complexifient les litiges transatlantiques. Le droit international de la famille apparaît ainsi comme un réseau mondial de convergences et de divergences.


Stratification méthodologique


L’analyse de ce domaine requiert une approche multidimensionnelle :

  • Territoriale : qui est compétent, quel droit s’applique ?
     
  • Matérielle : comment les normes familiales nationales s’opposent et interagissent ?
     
  • Culturelle et linguistique : comment sémantique et tradition chargent-elles les concepts ?
     
  • Normative : comment les droits fondamentaux corrigent-ils les résultats ?
     
  • Structurelle : comment combler les lacunes quand la coordination échoue ?
     

Le droit international de la famille incarne la tension entre autonomie nationale et coordination transnationale. C’est un édifice de couches, un échiquier de coups, un tissu de fractures. Comme Heyvaert l’a montré, le droit se révèle dans ses fissures : non dans l’illusion de perfection, mais dans la mise en lumière de ses manques et la quête de correction. Ce domaine n’est jamais figé : il reste une structure vivante, qui doit sans cesse s’adapter, se corriger et se réinventer. Ce qui demeure intangible, c’est son fondement : la dignité humaine, et en particulier la protection de l’enfant, comme fil conducteur indispensable dans un ordre juridique mondialisé.

PLUS D’INFORMATIONS

IMMOBILIER TRANSFRONTALIER

Le droit immobilier se situe au croisement des structures de propriété privée, de la régulation administrative et de la coordination internationale. La propriété, la location et les droits d’usage ne sont jamais de simples catégories juridiques, mais sont insérés dans des contextes sociaux, économiques et culturels plus larges. Dès que les transactions ou litiges immobiliers franchissent les frontières, un système stratifié de règles se met en mouvement : compétences juridictionnelles, règles de droit applicable, reconnaissance des décisions étrangères et correctifs par les droits fondamentaux.


Propriété et copropriété


L’organisation des parties communes illustre les différences entre systèmes. La Belgique connaît, depuis le Livre 3 du Code civil (2021), un régime affiné des droits d’appartement, mettant l’accent sur la prise de décision et la répartition des coûts. L’Espagne applique la propiedad horizontal, où la comunidad de propietarios a force obligatoire pour tous les copropriétaires.
Dans la pratique, cela peut générer des tensions : un héritier belge recevant un appartement à Málaga doit s’inscrire dans le système espagnol de gestion et de contributions, même si d’autres règles s’appliquent en Belgique. Pour les successions, s’ajoute la sortie de l’indivision : les héritiers belges sont habitués au partage par acte notarié ou procédure judiciaire, tandis que l’Espagne requiert souvent une escritura de partición et l’enregistrement au Registro de la Propiedad. Le Règlement Successions (UE) 650/2012 désigne un droit applicable unique, mais l’exécution reste ancrée dans les systèmes nationaux.


Droits réels et structures d’usage


À côté de la pleine propriété, l’Europe connaît de nombreux droits d’usage : emphytéose, superficie, usufruit. La Belgique les utilise comme instruments flexibles de planification patrimoniale et d’urbanisme. L’Espagne connaît des concepts similaires tels que usufructo et derecho de superficie.
À l’international, d’autres familles juridiques privilégient des structures différentes : en Amérique latine et dans certaines régions d’Asie, la terre reste propriété de l’État et seuls des droits de superficie ou de bail sont octroyés. La pleine propriété, si évidente en Europe continentale, apparaît alors comme un modèle exceptionnel.


Location et dimension contractuelle


Le droit locatif illustre la tension entre liberté contractuelle et protection de la partie faible. La Belgique distingue baux d’habitation, baux commerciaux et baux ruraux. L’Espagne régule par la Ley de Arrendamientos Urbanos, distinguant contrats de courte et de longue durée.
Exemple : la location touristique. En Espagne, des permis régionaux et des obligations d’enregistrement strictes s’imposent ; en Belgique, la qualification comme bail d’habitation ou location touristique détermine le régime applicable. Le Règlement Rome I fixe le droit applicable, mais les conditions 

administratives demeurent nationales, voire régionales.


Urbanisme et contentieux administratif


L’immobilier est inséparable de l’urbanisme et de la régulation publique. La Belgique applique le Code flamand de l’aménagement du territoire ou le CoBAT à Bruxelles. L’Espagne fonctionne avec un système à plusieurs niveaux : Ley de Suelo comme base nationale, complétée par des lois autonomes et, pour les zones côtières, la Ley de Costas.
Les litiges sur permis et plans relèvent du contentieux administratif : en Espagne devant la jurisdicción contencioso-administrativa, en Belgique devant le Conseil pour les contestations des autorisations ou le Conseil d’État. Ainsi, un propriétaire étranger sollicitant un permis de construire sur la côte andalouse peut se heurter à des restrictions environnementales impensables en Belgique.


Coordination internationale et reconnaissance


Dans les transactions ou litiges transfrontaliers, la coordination est centrale. Le Règlement Bruxelles I bis (1215/2012) détermine la compétence des juridictions civiles et commerciales ; le Règlement Rome I (593/2008) régit les obligations contractuelles. Hors UE, la Suisse et le Royaume-Uni appliquent leurs propres règles, tandis que le soft law (DCFR, Principes d’UNIDROIT) inspire sans contraindre.
La reconnaissance et l’exécution des actes notariés et jugements étrangers sont essentielles. Une escritura espagnole doit produire effet en Belgique, et inversement. Cela exige des traductions, au sens littéral mais aussi conceptuel : des notions comme usufructo ou leasehold n’ont pas d’équivalents exacts et requièrent des passerelles interprétatives.


Droits fondamentaux et correctifs


La propriété est protégée par les constitutions nationales et par l’article 1 du Premier Protocole CEDH. Cette protection n’est pas absolue : des limitations sont admises si elles sont proportionnées et d’intérêt général. Expropriations, interdictions de construire ou normes environnementales illustrent comment la proportionnalité sert de mécanisme doctrinal correctif, inscrivant le droit de propriété dans une perspective sociale.


Stratification et lignes de fracture


Le droit immobilier peut se lire comme une structure stratifiée :

  • territoriale : règles de compétence et de droit applicable,
     
  • matérielle : régimes variés de propriété et de location,
     
  • publique : permis et urbanisme,
     
  • normative : droits fondamentaux et proportionnalité,
     
  • structurelle : zones de fracture où la coordination échoue (protection côtière divergente, règles contradictoires en matière de partage successoral, différences entre pleine propriété et superficie).
     

Ces lignes de fracture nécessitent analyse et correction. Elles révèlent que la propriété n’est jamais absolue, mais toujours réajustée dans la tension entre autonomie, régulation et protection.

Le droit immobilier en perspective transfrontalière est à la fois architecture et jeu. Architecture, car il est composé de couches de codifications nationales, de règlements européens, de conventions internationales et de droits fondamentaux. Jeu, car les acteurs choisissent leur for, déploient des stratégies et utilisent les mécanismes de coordination.
L’achat d’une résidence de vacances sur la côte espagnole, le partage d’une succession comportant des biens dans plusieurs pays, ou le recours contre un permis de construire : chaque fois, les règles nationales sont traversées et complétées par la coordination internationale.
Ainsi, ce domaine révèle son sens véritable : non pas seulement la gestion de pierres et de terres, mais l’organisation des rapports humains, la protection de l’intérêt public et la recherche d’équilibre dans un ordre juridique mondialisé.

PLUS D’INFORMATIONS

SOCIÉTÉS TRANSFRONTALIÈRES

Le droit des sociétés constitue un laboratoire de strates juridiques. D’un côté, la couche matérielle des formes sociétaires, statuts et organisation interne ; de l’autre, la couche territoriale, où se posent les questions de droit applicable et de compétence juridictionnelle ; enfin, la couche doctrinale des principes : liberté d’établissement, protection des créanciers et actionnaires, proportionnalité et sécurité juridique. La tension entre ces dimensions rend le droit des sociétés par excellence transfrontalier.


Contenu essentiel


Les régimes nationaux en sont les briques de base. La Belgique a profondément réformé son droit des sociétés avec le Code des sociétés et associations (2019), réduisant la diversité des formes et introduisant de la flexibilité. L’Espagne fonctionne avec la Ley de Sociedades de Capital (2010, régulièrement modifiée), centrée sur la protection des actionnaires. L’Allemagne applique l’Aktiengesetz et le GmbHG, la France le Code de commerce, les Pays-Bas le Livre 2 du Code civil.
Ces régimes ne fonctionnent pas en vase clos. L’Union européenne a harmonisé certaines matières avec la Directive (UE) 2017/1132 et la Directive (UE) 2019/2121, notamment pour les fusions, scissions et transformations transfrontalières. La Cour de justice a précisé ces principes dans des arrêts tels que SEVIC Systems (fusions), Cartesio (transfert de siège), Vale (transformation) et Polbud (transfert sans liquidation). Ces affaires montrent que l’intégration européenne ne conduit pas toujours à l’uniformité, mais met souvent en lumière les fractures entre autonomie nationale et libertés européennes.
Hors d’Europe, d’autres paradigmes dominent. Les États-Unis connaissent un droit des sociétés par État, avec le Delaware comme juridiction phare. Le Royaume-Uni (post-Brexit) suit sa propre voie, en maintenant la doctrine du wrongful trading. La Suisse applique un régime autonome, tandis que des pays asiatiques comme le Japon ou Singapour combinent influences continentales et anglo-américaines.


Domaines d’application


La stratification devient concrète dans plusieurs champs :

  • Constitution et modification des statuts : une SRL belge active en Espagne, une BV néerlandaise implantée en Italie, ou une GmbH allemande transformée en SE – chaque fois se pose la question des formalités nationales et de la primauté des libertés européennes.
     
  • Conventions d’actionnaires et structures de capital : strictement encadrées en France et en Italie, davantage laissées à l’autonomie des parties au Royaume-Uni et aux États-Unis.
     
  • Gouvernance d’entreprise : l’Allemagne impose un système dualiste avec codétermination stricte, la Belgique et l’Espagne suivent un modèle plus moniste, les Pays-Bas appliquent une approche hybride. Les débats européens sur les quotas de genre et la diversité illustrent la couche normative.
     
  • Responsabilité des administrateurs : depuis le 1er janvier 2025, la Belgique connaît un régime unifié (Livre 5 CC), remplaçant la distinction contractuel/extracontractuel, avec maintien du plafonnement (art. 2:57 CSA) et une réglementation affinée du cumul. L’Espagne continue de distinguer responsabilité interne et externe (Ley de Sociedades de Capital). L’Allemagne impose l’obligation de déclarer l’insolvabilité à temps (Insolvenzverschleppung), le Royaume-Uni applique le wrongful trading. Aux États-Unis, la responsabilité varie selon les États, mais les fiduciary duties demeurent centrales. Cet éventail montre comment chaque système équilibre liberté d’entreprise et protection des tiers.
     
  • Fusions, scissions et réorganisations : régies dans l’UE par la Directive 2019/2121, ailleurs par la coordination bilatérale ou le droit international privé.
     
  • Dissolution et liquidation : les structures multinationales confrontent les systèmes à des règles d’insolvabilité divergentes, allant de la protection collective en Allemagne à une liberté plus contractuelle dans les systèmes de common law.
     

Instruments juridiques


Le droit des sociétés s’inscrit dans un cadre normatif large :

  • Droit de l’UE : Directive (UE) 2017/1132, Directive (UE) 2019/2121.
     
  • Codifications nationales : CSA (Belgique), Ley de Sociedades de Capital (Espagne), AktG et GmbHG (Allemagne), Code de commerce (France), Livre 2 CC (Pays-Bas).
     
  • International et soft law : Principes UNIDROIT, DCFR, principes internationaux de gouvernance d’entreprise (lignes directrices de l’OCDE).
     
  • Droits fondamentaux et principes : liberté d’établissement (art. 49 TFUE), protection de la propriété et des contrats, proportionnalité et sécurité juridique.
     

Le droit des sociétés dans une perspective transfrontalière est à la fois architecture et arène. La réforme belge de la responsabilité des administrateurs en 2025 illustre comment les choix nationaux restent intégrés dans un contexte européen et international. Là où la Belgique recherche l’uniformité via le Livre 5 CC, l’Allemagne met l’accent sur la discipline en matière d’insolvabilité, le Royaume-Uni sur le wrongful trading, l’Espagne sur la distinction interne/externe, et les États-Unis sur les fiduciary duties. Autant de réponses différentes à une même question : comment concilier liberté d’entreprise et protection des tiers ? Le résultat est un tissu multidimensionnel oscillant entre ancrage territorial, structuration matérielle et principes doctrinaux.

PLUS D’INFORMATIONS

CONSOMMATEURS, MARCHÉ & SERVICES FINANCIERS

La confiance comme fondement


Les contrats financiers ne sont pas seulement des ensembles de clauses – taux d’intérêt, calendriers de remboursement, garanties et obligations accessoires. En profondeur, le droit bancaire et financier constitue l’infrastructure de la confiance. Sans confiance dans la prévisibilité des contrats et dans la protection assurée par le droit, crédit et investissement perdent leur sens. La protection des consommateurs n’est donc pas un obstacle au marché, mais sa condition.
Ce domaine peut se lire comme une architecture stratifiée. À la base, les accords contractuels (dimension matérielle). Au-dessus, les règles territoriales déterminant la compétence et le droit applicable. Encore plus haut, la correction doctrinale : principes et droits fondamentaux qui interviennent lorsque les systèmes échouent. L’ensemble forme un réseau de protection et de coordination sans cesse réajusté.


Théorie des jeux : les marchés comme champs stratégiques

Comme l’ont montré Richard Cooter et Robert Ulen, les marchés ne sont pas des arènes neutres. Les banques disposent d’un avantage d’information, d’expérience et de pouvoir de négociation. Les consommateurs, eux, sont souvent en position de faiblesse.
Sans régulation, l’opportunisme est une stratégie rationnelle : clauses d’intérêt complexes, frais cachés, publicités trompeuses. Le droit réécrit la structure des gains : obligations de transparence, contrôle d’office des clauses abusives par le juge, sanctions renforcées depuis la directive Omnibus 2019/2161. Depuis le 28 mai 2022, ces sanctions doivent être dissuasives, effectives et proportionnées. Le droit rend la coopération plus rentable que l’abus : la coopération devient la stratégie dominante.


Intégration européenne : la protection comme pilier du marché intérieur

Le marché intérieur ne fonctionne que si les consommateurs bénéficient partout d’un niveau minimal de protection. La directive 93/13/CEE sur les clauses abusives fut une première étape, renforcée par la directive Omnibus. Celle-ci intègre aussi explicitement les services et plateformes numériques.
D’autres instruments complètent ce socle : la directive 2008/48/CE sur le crédit à la consommation, la directive 2014/17/UE sur le crédit immobilier, la directive sur les services de paiement (PSD2, 2015/2366/UE), ainsi que MiFID II et le règlement PRIIPs sur les placements. Tous visent le même objectif : inspirer confiance en équilibrant des relations intrinsèquement asymétriques.


Ancrages nationaux et lignes de fracture

  • Belgique – Le Code de droit économique protège contre clauses et pratiques déloyales. Depuis 2019, cette protection s’étend aussi aux contrats B2B, avec listes noire et grise et une clause générale de déséquilibre manifeste. Les services financiers constituent une exception, révélant une ligne de fracture structurelle. Le Code civil (Livre 5, art. 5.52) apporte toutefois un filet en sanctionnant aussi les clauses déséquilibrées hors du droit classique de la consommation.
     
  • Espagne – Le RDL 1/2007 (consommation), la Ley 16/2011 (crédit à la consommation) et la Ley 5/2019 (crédit immobilier) encadrent le secteur. Cette dernière impose des obligations strictes de transparence : tout prêt hypothécaire doit être expliqué et contrôlé par un notaire avant signature.
     

Comparaison – L’Allemagne connaît un système raffiné de droit des conditions générales (AGB-Recht). La France applique des corrections comparables via le Code de la Consommation. Le Royaume-Uni, après Brexit, conserve des influences européennes mais avec plus d’autonomie des régulateurs. Aux États-Unis, l’accent est mis sur les obligations d’information, avec moins de contrôle sur l’équilibre matériel.


La fracture structurelle : le déficit de coordination

La surveillance reste nationale alors que les produits sont transfrontaliers. C’est la ligne de fracture heyvaertiaine : un système qui promet protection mais l’applique de façon fragmentée. Le filet de sécurité se trouve dans les normes supérieures : Charte des droits fondamentaux de l’UE (art. 38), CEDH (art. 6 ; Protocole 1, art. 1), et en matière familiale, la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant.


Cas pratique : Euribor et clauses hypothécaires

Le règlement Benchmarks (2016/1011) a réformé l’indexation, introduisant dès 2019 une méthodologie hybride sous supervision de l’ESMA. La transparence reste cruciale : des arrêts comme Kásler et Andriciuc confirment que compte non seulement la lisibilité des clauses, mais aussi leur portée économique.


Crédit, investissements et services numériques

Droit de rétractation, interdiction de frais cachés, tests d’adéquation et de convenance (MiFID II), documents d’information clairs (PRIIPs), responsabilité en cas de fraude (PSD2) – tous suivent la même logique : la protection rend possible le fonctionnement du marché.


Dimension collective

Lorsque des groupes entiers de consommateurs sont lésés, les actions collectives assurent une protection et une réparation renforcées.

PLUS D’INFORMATIONS

: PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE

Le droit de la propriété intellectuelle (PI) est à la fois moteur d’innovation et miroir des tensions du marché. Il protège marques, modèles et œuvres créatives, tout en soulevant des questions fondamentales : jusqu’où peut aller l’exclusivité, à partir de quand devient-elle monopolisation, et comment concilier droits de PI avec libre circulation, concurrence et droits fondamentaux ?
Dans un contexte mondialisé, la PI dépasse le simple instrument national de droit privé : elle constitue une architecture multilayered, allant des codifications nationales et juridictions locales à l’harmonisation européenne, aux institutions supranationales, aux conventions internationales et au soft law.


1. Dimension matérielle (3D) : droits, enregistrements et mise en œuvre

À la base se trouvent les droits classiques. Dans l’UE : règlement 2017/1001 sur la marque de l’Union, règlement 6/2002 sur les dessins et modèles communautaires, directive Infosoc (2001/29/CE) et directive DSM (2019/790/UE).
En Belgique : Livre XI du Code de droit économique, Loi sur le droit d’auteur (1994).
En Espagne : Ley de Marcas (17/2001, réformée 2018), Ley de Propiedad Intelectual (1996, réformée 2019), et dispositions sur les dessins et modèles.
La protection est doublée des procédures devant l’EUIPO, le BOIP ou l’OEPM espagnol. Leurs décisions prennent sens quand les juridictions, en opposition ou en contentieux de contrefaçon, tracent les limites.


2. Dimension territoriale (2D) : fragmentation et coordination

Malgré une forte harmonisation européenne, la fragmentation persiste. Une marque peut bénéficier d’une protection de l’Union tout en coexistant avec des marques nationales.
La mise en œuvre transfrontalière accentue ces tensions : Bruxelles I bis détermine la compétence, mais les divergences d’interprétation produisent des résultats variables. En ligne, les difficultés s’accroissent : un nom de domaine accessible mondialement reçoit des appréciations divergentes selon les juridictions.


3. Dimension doctrinale (5D) : droits fondamentaux et corrections

La PI s’inscrit dans l’univers des droits fondamentaux. L’art. 1 du Protocole additionnel n°1 à la CEDH et la Charte de l’UE reconnaissent la PI comme propriété, mais corrigent via la liberté d’expression (art. 10 CEDH) et la liberté d’entreprendre.
Jurisprudence clé : Ashby Donald (CEDH, 2013) – conflit entre droit d’auteur et liberté d’expression ; Anheuser-Busch v. Portugal (CEDH, 2007) – marques protégées comme propriété. CJUE : Arsenal (C-206/01), Google France (C-236/08), Cofemel (C-683/17), SkyKick (C-371/18) – limites de l’usage des marques, portée du droit d’auteur, sanction des dépôts de mauvaise foi.


4. Défis pratiques

  • Marchés numériques : noms de domaine et plateformes globales, mais application nationale fragmentée.
     
  • Cumul des régimes : PI croise concurrence (abus de position dominante) et droit de la consommation (transparence des contenus numériques).
     
  • Soft law et coordination internationale : directive Enforcement (2004/48/CE), mécanismes de l’OMPI, TRIPS, UNIDROIT, DCFR.
     

5. Perspectives pratiques

Exemples concrets :

  • Une entreprise belge enregistrant une marque à l’EUIPO et affrontant une opposition espagnole.
     
  • Une start-up espagnole protégeant son design à l’international entre règlement européen et design patents américains.
     
  • Litiges en ligne : noms commerciaux vs noms de domaine, arbitrages UDRP et juges nationaux.
     
  • Produits contrefaits circulant par importations parallèles, échappant aux contrôles douaniers.
     

Le droit de la PI en perspective transfrontalière est à la fois cathédrale et échiquier.

  • Cathédrale, car il est bâti en couches : législations nationales, règlements européens, conventions internationales, droits fondamentaux.
     
  • Échiquier, car entreprises, juges et consommateurs y occupent des positions stratégiques, anticipent et réagissent.
     

Les dimensions matérielle (droits et contrats), territoriale (compétence et droit applicable) et doctrinale (droits fondamentaux et corrections) s’entrecroisent en permanence. La structure reste incomplète, les tensions subsistent – mais c’est précisément là que réside sa vitalité : un système vivant, en quête constante d’équilibre entre protection et liberté, créativité et fonctionnement du marché.

PLUS D’INFORMATIONS

VLAMINGEN IN DE WERELD

En tant que la représentante VIW pour Ténérife, Karen-Anne Peeters agit comme point de contact pour les Flamands qui vivent, travaillent, étudient ou séjournent temporairement aux Îles Canaries. Son rôle se déploie sur plusieurs plans :

  • Pratique – écouter les questions, orienter vers les instances compétentes, accompagner pour l’inscription, la sécurité sociale, les droits de pension, l’enseignement et les services consulaires.
     
  • Culturel – stimuler le sentiment de communauté ; le lien passe aussi par la langue, la culture et une expérience partagée.
     
  • Institutionnel – signaler aux organisations et décideurs les difficultés rencontrées par les Flamands à l’étranger.
     
  • Humain – soutenir dans les situations de vulnérabilité, créer des connexions et chercher des solutions là où les systèmes font défaut.
     

Cette dimension multicouche montre que la fonction ne se réduit pas à l’administration ni au simple réseautage. Elle est en même temps :

  • 2D territoriale – entre la Flandre et les Canaries,
     
  • 3D matérielle – couvrant notamment l’éducation, l’emploi, la santé et le séjour,
     
  • 5D normative – avec une attention aux droits, à l’équité et aux valeurs de solidarité.
     

Ainsi, la représentation VIW constitue un nœud d’orientation, de solidarité et de circulation des connaissances : une pratique vivante où bâtir des ponts et traduire des signaux sont essentiels.

Cette fonction n’implique ni établissement, ni bureau, ni résidence officielle, et constitue un mandat bénévole octroyé par la Communauté flamande dans le cadre de Vlamingen in de Wereld.


Comme elle maîtrise les trois langues nationales et détient un certificat officiel de bilinguisme en français délivré par la Chambre de commerce de Paris, cette fonction n’implique aucune position communautaire. Elle aide donc aussi bien les francophones que les néerlandophones, ainsi que les germanophones, dans un esprit d’ouverture et d’inclusion.

PLUS D’INFORMATIONS
  • Home
  • NL
  • FR
  • DEU
  • ENG
  • ES

Peeters Law

Jos Smolderenstraat 65, 2000 Antwerpen, Antwerp, Belgium

+32 3 544 93 55 info@peeterslaw.com